lundi 13 juillet 2015

LA NUIT DU DESTIN





Une belle opportunité de s'assurer l’équivalent de quatre-vingts trois années de travail en une seule nuit et une protection contre l'enfer.



Louange à Allah, maître de l’univers et paix et salut sur son messager, notre prophète Mohammad  صلى الله عليه وسلم.
O Allah ! enseigne nous ce qui est bien pour nous, fais nous profiter de ce que tu nous as enseigné, et apprends nous d'avantage. Montre-nous le bien comme étant un bien et aide nous à le suivre et montre-nous le mal comme un mal et aide nous à l’éviter. Fais par ta volonté que nous soyons parmi ceux qui écoutent les bonnes paroles et suivent les meilleures d’entre-elles et insère-nous parmi tes adorateurs pieux.

Mes chers frères, mes sœurs en Islam,
Hier encore nous attendions avec impatience l’arrivée du mois de Ramadan, et voilà que nous sommes sur le point de nous en séparer. Il se pourrait que ce vendredi soit notre dernier prêche de ce mois béni de Ramadan pour cette année. Louange à Celui qui a décrété une fin à toute chose, l’immortel, l’éternel, Allah soubhanahou wa taâla.
Nous devons, avec ces quelques jours qui restent, marquer une pause et avoir quelques réflexions. La première :
1-      Nous devons veiller à redoubler d’effort pendant cette courte et très importante période qui reste pour récolter un maximum de bénéfice et terminer en beauté, ce que nous avons entamé il y a peu de temps.
Puisque ce que nous accomplissons la nuit du destin vaut mieux que mille mois, et que cette nuit est peut-être encore entre nos mains, que nous avons la possibilité d’en profiter et de la mettre à notre actif, alors ne ratons pas cette très belle occasion de nous assurer l’équivalent de quatre-vingts trois années de travail en une seule nuit. Quel bénéfice ! Et Quelle générosité d’Allah سبحانه و تعالى !
Nous pouvons tirer un très grand bénéfice de cette courte période qui reste, mais pour cela nous ne devons pas relâcher d’effort dans les derniers jours qui nous séparent de la fin. A l’image du coureur à pieds ou à vélo, après toute une distance parcourue, les derniers mètres qui le séparent de l’arrivée, sont les plus importants et les plus décisifs. C’est dans cette courte distance qui lui reste à couvrir, qu’il redouble d’effort et donne le meilleur de lui-même dans le but d’arriver au résultat convoité.
Le prophète صلى الله عليه وسلم,  nous dit en parlant de la nuit du destin : « sollicitez-là (ou recherchez-là) dans les dix derniers jours ».  
Il dit également صلى الله عليه وسلم : « celui qui accomplit la veillée de la nuit du destin en toute bonne foi, il lui sera pardonné ses péchés passés ». Et dans ce contexte il rajoute صلى الله عليه وسلم, d’après Abi Horayra : « les cinq prières, le vendredi au vendredi et le ramadan au ramadan effacent les péchés si on évite les péchés majeurs».
Ce qui veut dire que dans l’intervalle d’une prière à l’autre, puis de la prière du vendredi au vendredi et du Ramadan au Ramadan, si nous accomplissons ce qu’Allah nous demande, les péchés mineurs (c’est-à-dire pas d’association à Allah سبحانه و تعالى, pas de crime et pas de médisance…) nos péchés seront inch’Allah, effacés.
Le musulman doit veiller à faire beaucoup de bien autour de lui pendant cette période, car ce qui compte le plus c’est ce que nous fournissons vers la fin.
Certains de nos prédécesseurs, à l’arrivée du ramadan,  pour se rapprocher un maximum d’Allah سبحانه و تعالى, achetaient une esclave, l’habillaient bien, la mettaient dans de bonnes conditions de présentation, puis lui rendaient la liberté par amour pour Allah سبحانه و تعالى, dans l’espoir que par ce geste, Allah سبحانه و تعالى les protège de l’Enfer.

Ce qui est bien apprécié et bien conseillé au musulman pendant cette fin de ramadan, c’est la multiplication des louanges, des vocations et invocations d’Allah سبحانه و تعالى à la gloire de notre créateur, le remerciant pour tous les bienfaits qu’IL nous a accordés, de bien finir le jeûne et les veillées de Ramadan, comme nous dit Allah سبحانه و تعالى :
« Afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d'Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants! » Al Baqara, V. 185
Le musulman doit également solliciter beaucoup le pardon d’Allah سبحانه و تعالى, ce qui est une nécessité absolue dans toute religion, ceci pour, peut-être, un manquement dans l’accomplissement d’une obligation pendant le ramadan ou au contraire, ou fait quelque chose qu’il n’aurait pas dû, comme parler mal de quelqu’un etc. 
Omar ibn Abdelaziz, qu’Allah l’agrée, grand émir musulman, écrivait aux villes avoisinantes et demandait aux habitants de terminer le mois de Ramadan avec des invocations de demandes de pardon à Allah et de donner zakat al fitr. Il disait : « Dites comme le disait votre père Adam : «O notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous-mêmes. Et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons très certainement du nombre des perdants». Al Aâraf, V. 23.
2-     Notre deuxième réflexion : attention à ne pas revenir aux mauvaises actions et minimiser l’obéissance à Allah سبحانه و تعالى après tous ces efforts fournis pendant tout un mois. Si pendant un mois, nous nous sommes abstenus de manger, de boire ou de toucher nos épouses, ce qui est tout à fait licite, et ceci pour être agréé par Allah, comment peut-on après cette abstention, retomber dans l’illicite ?
D’après Thaoubane, le prophète صلى الله عليه وسلم,  aurait dit : « je connais des gens de ma communauté qui viendront le jour de la résurrection avec des hassanates comparables à des montagnes blanches de Tihama (Tihama, qui est une région en Arabie saoudite) et Allah les réduira à néant ». « O messager d’Allah,  dit Thaoubane, décris les nous, indique nous comment ils sont, pour que nous ne soyons pas parmi eux sans le savoir ». Il dit صلى الله عليه وسلم : « ils sont vos frères, de votre peau, ils prennent de la nuit (c.à.d. veillent la nuit) comme vous prenez, mais ce sont des gens s’ils s’isolent, ils se remettent à l’illicite ».
Revenir aux mauvaises actions, après avoir donné le meilleur de soi-même, gouté à la douceur de la lecture du coran, aux veillées de ramadan, avoir montré à Allah سبحانه و تعالى que l’on a compris et qu’on sollicite son pardon pour les péchés passés. Il ne faut pas être comme la femme qui, du temps du prophète صلى الله عليه وسلم, défaisait chaque soir ce qu’elle avait tissé de façon remarquable, durant toute la journée comme nous le dit le saint coran dans sourate Annahl, V 92 :


« Et ne faites pas comme celle qui défaisait brin par brin sa quenouille après l'avoir solidement filée, en prenant vos serments comme un moyen pour vous tromper les uns les autres, du fait que (vous ayez trouvé) une communauté plus forte et plus nombreuse que l'autre. Allah ne fait, par-là, que vous éprouver ».
Cette femme défaisait le soir, un excellent travail accompli pendant toute la journée et ceci sans raison. N’est-ce pas là un acte de fou, de quelqu’un de pas raisonnable ? Devons-nous défaire et détruire après le Ramadan, tout ce que nous avons accompli durant tout un mois d’effort ? Non évidement nous devons continuer sur notre lancée pour faire plus encore, nous nous sommes déjà lancés donc la suite devrait être moins dure.
Allah  سبحانه و تعالى, dans sa sagesse, n’oblige pas l’homme à donner de lui plus que ce qu’il peut, mais de faire simplement ce qu’il peut et ce qui est apprécié par Allah, c’est la continuité dans l’action ; même si on ne fournit que peu, mais l’action doit durer dans le temps.
Aïcha, bénie soit-elle, l’épouse du prophète صلى الله عليه وسلم, rapporte : « on demanda au prophète, paix et salut sur lui, quelles sont les actions appréciées par Allah, il répondit : « celle qui perdurent même si c’est peu ».
Al boukhari et Mouslim, rapportèrent un autre hadith dans lequel le prophète   صلى الله عليه وسلم, dit : « ne vous obligez que des actions que vous pouvez supporter ».
Ne soyons pas des adorateurs de Ramadan, une fois le mois achevé, nous oublions le pourquoi du ramadan, la sagesse que nous avions acquise et revenons à nos mauvaises actions, à ce qui nous est interdit et oublions Allah سبحانه و تعالى et ses recommandations et tous les enseignements du prophète صلى الله عليه وسلم durant le mois. Malheur à ceux qui ne connaissent Allah سبحانه و تعالى que pendant le ramadan !
Quant à notre troisième réflexion :
1-     De qui Allah سبحانه و تعالى a agréé son jeûne, ses prières et toutes ses bonnes actions ?
C’est la question qui ne quittait pas l’esprit des pieux et qui les laissait sans sommeil et faisait couler leurs larmes !
« Ceux qui, de la crainte de leur Seigneur, sont pénétrés, (57) qui croient aux versets de leur Seigneur, (58) qui n'associent rien à leur Seigneur, (59) qui donnent ce qu'ils donnent, tandis que leurs cœurs sont pleins de crainte [à la pensée] qu'ils doivent retourner à leur Seigneur.»
AL Mou’minoun, V. 57 à 60
Ali, béni soit-il, le cousin et gendre du prophète صلى الله عليه وسلم, disait : « soyez plus attentifs à l’agrément du travail qu’au travail lui-même », à savoir quand on fait un travail, on doit plus se soucier de sa qualité, de son agrément que de l’importance, c’est-à-dire de la taille de l’action elle-même.
Fadala ibn Abdoullah disait : « si je savais qu’Allah avait agréé de moi la plus petite et la plus infime bonne action, ce serait pour moi plus bénéfique que le monde et ce qu’il contient, car Allah سبحانه و تعالى dit :  «Allah n'accepte que de la part des pieux».
Abdoullah Ibn Massôud dit : « de qui il a été accepté parmi nous, que nous le félicitons, et de qui il a été refusé, que nous lui présentons nos condoléances ».
L’un de nos prédécesseurs qui était triste le jour d’Aïd el fitr entendait dire : « c’est jour de fête et de joie aujourd’hui », il répondait : « vous avez raison, mais je suis un serviteur et mon seigneur m’a ordonné de lui accomplir un travail et je ne sais pas s’Il l’a accepté ou pas ».
Et comme disait quelqu’un :
Demain les âmes seront jugées par rapport à ce qu’elles ont acquis
Et on récoltera ce qu’on a semé
Ceux qui ont bien fait l’ont fait pour eux
Et s’ils ont mal fait malheur à eux
Ibn Rajab, qu’Allah lui accorde sa miséricorde, avait dit : « nos prédécesseurs demandaient à Allah pendant six mois d’atteindre le mois de Ramadan, puis ils demandaient à Allah durant les six mois suivants d’accepter d’eux leur travail ». C’est-à-dire les actions accomplies pendant le ramadan.
Allah سبحانه و تعالى dit :
« Et ne revenez point sur vos pas car vous retourneriez perdants ».
La faute la plus lourde et la plus grande perte pour un musulman c’est de revenir  en arrière sur ses pas et perde le bénéfice qu’Allah سبحانه و تعالى lui a accordé pendant le mois béni, qu’il abandonne les bonnes actions qu’il a tenu à faire pendant le ramadan, comme les veillées nocturnes de prière, la lecture du coran, la fréquentation de la mosquée et la bienfaisance avec les autres. Abandonner tout ceci est un signe de faiblesse de la foi dans le cœur, que le cœur n’a pas eu cette belle lueur diffusée par la lecture du coran et que  l’âme n’a  pas vécu pleinement et sereinement ses beaux moments de ramadan, ni gouté à la douceur de la soumission à Allah سبحانه و تعالى. Ceci nous révèle qu’on n’est pas encore proche d’Allah سبحانه و تعالى, car après toutes ces privations, cet entrainement  et cette course à bien faire tout au long du mois, le musulman refait marche arrière et revient à sa position d’avant le ramadan.
Oui, nous arrivons à la fin de ce généreux mois et il ne reste que quelques jours pour qu’il nous quitte, laissant derrière lui des hommes heureux et d’autres privés de la miséricorde d’Allah سبحانه و تعالى. Heureux ceux qui ont enduré la faim, la soif, le manque de sommeil et se sont mis entre les mains d’Allah سبحانه و تعالى, ont veillé la nuit espérant la miséricorde et la gratitude de leur créateur.

Avant de terminer ce prêche, je manquerai à mon devoir si je n’évoquais pas une action obligatoire qui clôture le mois de Ramadan et marque la fin de celui-ci, c’est Zakat al fitr.  
Comme chacun de nous le sait, Zakat al fitr est un don obligatoire pour tout être vivant. Elle est due même pour un nouveau-né, et ceci pour purifier le musulman des erreurs commises lors du Ramadan.

Abdoullah Ibn Abbas, qu’Allah l’agrée, dit : « le prophète a fait de zakat al fitr une obligation pour purifier les erreurs du jeûneur et comme une aide aux pauvres. Celui qui s’en acquitte avant salat al aïd, c’est une zakat acceptée et celui qui s’en acquitte après la prière, c’est simplement une aumône parmi d’autres ».

Donc soyons attentifs à cette recommandation et acquittons-nous de la zakat bien avant l’arrivée de Aïd al fitr pour que notre action de Ramadan soit, inch’Allah, agréée.
Pour ceux risquent d’oublier, le temps limite est fixé juste avant salat al Aïd.

Qu’Allah agrée notre jeûne, nos prière et nos veillées nocturnes et toutes nos bonnes actions et qu’Il nous pardonne nos erreurs qu’on connait et celles qu’on ne connait pas, celles que nous aurions commises sans nous en rendre compte.

Amine,  wa alhamdou lillah rabbi al âlamine
PRECHE DU VENDREDI 10/07/2015  - 23 Ramadan 1436
Mimoun BENHAMMOU

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